Je suis devenue pour la deuxième fois en un an incollable sur la densité du canapé asiatique et le rembourrage des chaises en macramé, et éligible pour le Master en Lancer de Catalogue dans Sac Publicitaire et Chourrage de Bonbon Mou goût « Matelas du Sichuan ». Cette évolution fulgurante de mes compétences est le fruit d’un cauchemar auquel je croyais avoir échappé à tout jamais : se lever à la bourre, partir en trombe d’un appart sans eau, ne pas trouver l’habituel vendeur de ballotins de riz sur le chemin du boulot et donc dire adieu à son petit-déjeuner, et enfin (dans l’échelle du pire, ça se situe à 23 sur l’échelle de Richter ) : s’apercevoir qu’il n’y a pas d’électricité à l’usine. Après 1h30 de lecture du Nouvel Obs daté d’il y a 2 semaines, et contemplé la sieste de mes deux collègues, mon cerveau prend la décision de se petit-suissider par ingestion massive de coton hydrophile. Mais Lao Tseu soit béni, Ellen finit par rentrer en mouvement, et décide que puisque l’on ne peut rien faire ce matin, on va aller visiter l’exposition de Home Furniture de Longjiang. Dont acte.
Je vous passe les détails sur la flatterie permanente dont je fais l’objet lorsque je rentre tâter de l’appui tête technologique de canapé sur les stands, sur le ballet incessant des cartes de visites échangées avec un sourire gonflé d’espoir que je vais repartir avec un canapé sous le bras (c’est là que le bras de douze kilos, reportage plébiscité de l’émission « Incroyable mais Vrai » 2005, aurait enfin trouvé une utilité), sur les chinois affalés sur les divers canapés d’exposition, aussi à l’aise que s’ils étaient chez eux alors que bon, 2000 personnes autour. On croise un africain en robe d’apparat et patelot verts, les filles en avalent leur bonbon goût « Porte-manteau en poil d’astrakan » piqué sur un stand juste avant, se poussent du coude, rigolent et me demandent pourquoi le monsieur est déguisé. Elles hésitent aussi à penser qu’il s’est maquillé en noir exprès. Leur naïveté me désarme, parfois.
Mr Hua Siji partage avec Mr Paul ( le frère d’Ellen a été eurobaptisé Paul, et comme c’est notre chauffeur, on l’appelle Mr Paul. De toute façon je ne crains rien, les ponts ici sont plus larges que le pont de l’Alma) la croyance venue d’on ne sait où comme quoi si, dans une montée, tu peines à rouler en 3e, tu passes la 4e. Peut être pensent ils que la 4e, c’est un turbomoteur qui va faire faire un bond à la voiture. Toujours est il qu’après avoir fait 400M à reculons en prenant de la vitesse, on a continué en seconde. Précaution oblige.
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