- A Qin, je croyais qu’on attendait le bus ?
- Yes.
- Beh, euh, là on attend le euh… rien ? Il va à Gaomin aussi le Rien ?
- No, look, the bus stop is here
- Ah ben oui suis-je greluche… c’est joli cet arrêt dans les buis, comme ça, on dirait que c’est pensé pour, didonc !
A ma décharge, en ce vendredi soir, l’air est tellement épais de pollution que le bus aurait pu arriver déguisé en lapinou Playboy, je ne l’aurais pas remarqué. A sa décharge, le bus s’arrête n’importe où. D’ailleurs en rentrant ce soir, il a fait un détour par la guillerette borne SINOPEC, le Total du coin, pour une petite demie heure de plein et de dégustage de griffons de poulet à bouilli l’huile – sous vide. Voilà pourquoi il n’y a pas non plus d’horaires sur les arrêts de bus-buissons, ça servirait à peut près autant qu’une barette fantaisie sur le crâne de Giscard.
- Marie, on prend une moto jusqu’au bus. Tiens celle-là, je prends l’autre.
- Ouaiiis, une moto. Ni Hao monsieur, avance toi que jm’installe derrière. AAAAÏÏÏÏIIIIE mais t’es pas bien sous ton casque toi !!!! (Trop tard, il n’entend plus rien il est déjà branché radio bitume)
- Fais attention c’est peut-être chaud
- Merci du conseil ; on se la refait chronologique façon « le jour sans fin » que je recommence ça bien ? (sous entendu : avec clâsse)
Quand tu enfourches une moto un vendredi soir étouffant de pollution et de lassitude de fin de semaine, tu dois t’attendre à ce que celle-ci ait surchauffé toute la journée, et que par conséquent si tu avances ton frais mollet caramel (jamais réussi à me blanchir les mollets, A Qin ma dit que si , on peut, je demande à voir, y’a peut être un Prix Nobel de Chimie à la clef) près du pot d’échappement, tu auras le du mal à réprimer le cri primal du caniche tatoué aux armes de sa mémé, et l’odeur de cochon grillé qui l’accompagne. Une fois sur la moto je me morigène en mon for intérieur (oui je me parle - mais il n’est pas précisé que je m’écoute). A ma grande honte, j’ai refait la même bourde à la descente, je vous avais dit que j’étais pas finie de ce côté-là ?
- Marie, j’ai débranché le frigo au Ming Can Tchang, y’avait rien dedans.
- …… uhhhhhhhhh, si, du comté. Une lichette.
- Ah ben je l’ai pas vu, désolé.
- Rhôô,c’est pas grave, une lichette de comté c’est pas bien méchant, ça va se bonifier.
Pour ta gouverne à toi, public, jamais à l’abri d’une inadvertance, une lichette de comté c’est nucléaire. Ca te colonise un papier censé résister au pire fromage - celui qui marche tout seul tellement il refoule (des noms ! des noms ! Livaro ?), ça t’habite le moindre espace d’oxygène du frigo, et quand tu finis par ouvrir celui-ci avec la naïveté d’un âne qui n’a jamais été soumis à la carotte, ça te hurle à la figure « Pourquoi t’as fermé la lumièèèèèèèèèèèèèèèère ? ». Bref, lichette ou pas, n’oublie jamais que le meilleur ami du fromage, c’est le froid. Sur ce, je vais désinfecter l’appartement, et rassurer le voisin qui hurle que, ça y’est, la Corée du Nord maîtrise l’arme bactériologique absolue, je te l’avais dit bobonne, la guerre est déclarée.
- Bonjour, je voudrais une pomme s’il vous plaît madââme. Oui, le truc vert là. Oui je SAIS c’est pas une pomme mais bon, mon vocabulaire manuel a du mal à établir un distinguo entre toutes les variétés de pommes des Tropiques. Et du raisin aussi.
- Y’en n’ a plus, je vous le mets ?
- ?? du plus ? allez zou, (et vous me le faites à combien ?).
Le Chinois ne perd pas la face, quand y’en a plus, y’en a encore, et quand t’en reveux, ben y’en re-n’a. Alors ne vous aventurez pas à demander quelque chose qui manifestement n’existe pas, là je m’en suis sortie assez rapidement, mais on relate des cas où l’on poussa l’obligeance jusqu’à aller chercher l’article dans la ville voisine. Attendre 1h30 pour une pomme à un comptoir parce que c’est l’heure où les artères bouchonnent, c’est ballot.
Sur ce, je m'en vais acheter de la peau de mollet.