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2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 07:07

J’ai acquis hier mes lettres de noblesse de Reine de la Nuit du Guangdong. Trois heures à suer sang et eau pour trouver dans la liste de chansons, soi-disant monstres musicaux connus comme le loup blanc dans tous les karaoké du monde – ils n’ont pas l’air de savoir que le karaoké est un martyre tout spécialement chinois, God bless us – un titre qui me dise quelque chose. Au choix :  I believe I can fly, adjoint de High , ce qui nous fait donc  I believe I can fly high . Et ben ça, je connais pas. Ou encore My heart will go die. Dans mes souvenirs scolaires, des adolescentes éplorées (Leonardo pûûrkoa le bouuuuc, t’es déjà pas gâté par la nature alors le bouc !) par le naufrage d’un bateau pas très dégourdi chantaient  My heart will go on … and die, soit, mais ce n’est pas dit dans la chanson. Trop risqué, je passe la lettre M. Je tombe enfin sur Hotel California , sans adjonction de mot incongrue. Mais avant d’avoir pu me dire « ah ben Marie enfin te voilà en terrain connu », suivi de «euh…si tu cliques, tu chantes » , mon regard me trahit : cet infime soupçon de lumière qui crie eurekâ je reconnais cette chanson ! n’est pas capté par l’œil d’un borgne, mais par celui de 30 chinois qui me sautent alors au beignet pour que je les transporte dans les canyons désertiques du désert Eagles…

 Petit flash back, version mise en abyme: Je suis au karaoké sur une aimable invitation d’A Qin, qui fête le National Day avec une trentaine de ses classmates de mid-college qu’elle n’a pas vus depuis 6 ans. Ambiance surréaliste : comme les salons privés sont plongés dans la pénombre et que visiblement, Le Jeune chinois change beaucoup entre son mid-college et ses 20 ans, ça donne des scènes très cocasses de gens qui ouvrent avec appréhension la porte du salon, glissent un œil, essayent de reconnaître des gens, hésitent, repartent et finissent par revenir confus et se terrent dans un coin. Ajoutez à cela que lorsqu’un groupe de chinois décide de se la coller dans un salon privé, ils ne s’informent pas entre eux du numéro du salon, donc ils doivent s’enfiler tous les salons privés sur 3 étages pour retrouver leur tribu. Qui souvent ne l’a pas attendu pour honorer le stock de bière. La tribu de classmates ainsi réunie est assez hétéroclite, mais représentative de la génération chinoise que j’ai connue ici : les filles prostrées dans un coin, l’air ennuyé, ne parlant pas entre elles mais serrées comme des oisillons hors du nid. Les garçons de l’autre hurlent à la mort en se trahissant aux dés, et en prenant leur tour au micro pour s’époumoner d’une voix de fausset sur les plus belles chansons de lover d’un Cabrel sinisant. Remarquable moustache que surplombe un paillasson St Maclou en poil de cheveu, tu me fais réver… Pour ma part, je joue à qui perd boit son verre avec A Qin et un de ses potes, un grand chinois maigre à la coupe longuement effilée, très marrant au demeurant, qui me dépasse d’un centimètre – je sens à son soupir de soulagement qu’il a du parier qu’il mangerait un rat si une fille le dépassait en taille ; la honte. Quand j’apprend qu’il joue de la guitare et de la batterie, et qu’il chante dans un groupe, je tiens ma victime : toi, tu chanteras avec moi Hotel California sinon la prochaine fois je mets des talons. En plus c’est le seul de la bande qui ne chante pas faux, remarquable rareté génétique à exploiter à fond.

 On a passé le reste de la soirée à dénicher les perles de la liste maudite des chansons anglophones. J’ai ainsi appris aux chinois à chanter en miaourt, c’est utile quand on veut chanter anglais mais qu’on ne maîtrise pas la langue. Un nouveau monde s’ouvre à eux, ils vont pouvoir explorer ce répertoire sur lequel leur doigt passait en tremblant, la rubrique « english » attirante et redoutée. On ne va pas mettre de culotte aux mouches, ok on ne comprend rien mais pour toi public tu peux suivre les paroles sur l’écran tandis qu’une chinoise années 80 parcourt le décor en carton pâte en forme de littoral californien. Bref, je suis une reine de la nuit, facon Régine sans les trois poils rouges capillaires, le crayon suboculaire et les lèvres en airbag dégonflé. La classe.

 

 

 

 

 

 

 

 PS : Trent je te préviens d’avance qu’il n’y a pas moyen que j’approche mes lèvres ni même mes omoplates du micro du Curtayn. Si ici le karaoké est une institution, je ne connais rien de plus glauque que le karaoké français où une pauvre âme meure vocalement sur Pretty Woman tandis que Dédé déguste son andouillette rôtie au saindoux ou son nem de poulet en plastique dans la version restaurant chinois.

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commentaires

L
Whaouuu et il te fait faire des primes a chaque rdv? "ouiiii mademoiselle, on fait lentement pivoter le bassin de gauche a droite, le mouvement s'appelle la balance de Kamel Oualiiiii...." :p
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V
Mazie, star des sunlights...si tu veux, y a sûrement moyen que je t'arrange un rdv avec mon kiné, c'est celui de la Star Ac'!!!
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T
C'est dommage, il parait qu'elle fait des bons gâteaux Régine... (???)<br /> Ha et je connais dix milles ruses de sioux pour te séquestrer heu pardon te convaincre de viendre au Curtayn (que les habitués écrivent maintenant Curt'N, merci les sms...)<br /> Bisous ;)
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L
Quoi j'ai entendu IDOLE? ya pas moyen je ne me retrouve pas dans cet oiseau de nuit défraichi coloré au synthol orange. Navrés pour ses fans, mais je suis mon propre chemin....
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M
et ben Malie, t'as de l'avenir dans l'organisation de soirées rémoises....pour info, Régine est "au repos."......elle a chanté trop fort ou ses teintures lui ont attaqué le ciboulot....fais gaffe , si tu t'identifies trop à ton idole, tu suivras la mm tangente!
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